Il y a quelque temps, lors d’une conversation sur la méditation, une personne, dans un magasin, me demande : Comment faites-vous pour « Lâcher Prise » ? Et, pour toute réponse, je n’ai pu lui donner que de vagues explications sur ma façon de faire, de m’y prendre.
Ce matin, me demandant quel pourrait bien être le sujet de mon prochain article sur le très célèbre Blog de Reikisaintomer.fr ( :-)), je me suis dit : pourquoi ne pas écrire un article expliquant ce qu’est ce fameux « lâcher prise »…et comment s’y prendre pour y parvenir….Et c’est là que je me suis rendu compte de la difficulté à l’expliquer aux autres…..et à moi-même.
Vous qui connaissez peut être mieux que moi le sujet, peut être que ces quelques lignes vous feront bondir, sourire, ou vous ennuyer. Mais je vais tout de même essayer.
Alors, on « lâche prise » ?
Mais au juste, on « lâche » quoi ? et sur quoi avons-nous « prise »? On ne peut lâcher que ce que l’on tient ; Volontairement ou non : Imaginez que vous ayez dans la main quelque chose à laquelle vous tenez ou que vous avez depuis tellement longtemps qu’elle fait partie de vous. Si on vous demande de la donner (de la lacher), vous allez vous y agripper. Ce qui aura des conséquences néfastes : Vous allez vous crisper le poignet à vous en faire mal, et, de plus, pendant que vous tiendrez cette chose dans la main, elle ne sera plus disponible pour autre chose. Dans la vie de tous les jours, cela veut dire d’une part que s’agripper à quelque chose, une idée noire, un mauvais souvenir, une expérience malheureuse, entraine des tensions en vous (qui forcément, se répercutent sur votre entourage) et surtout, et peut être beaucoup plus malheureusement, vous empêchent de voir le reste de la vie. Lâcher prise ne voudra pas dire qu’en ouvrant la main, vous renoncerez à cette chose si précieuse à laquelle vous tenez…mais en ouvrant la main, vous vous libèrerez des douleurs du poignet. En lachant prise, il n’est pas question d’oublier le passé, d’oublier les douleurs du passé ou de prétendre l’effacer. Mais lâcher prise vous permet de ne plus vivre dans le passé, d’en être prisonnier, mais vous permet de ne plus être esclave de ce passé, en acceptant le présent, en acceptant de vivre, tel qu’il est, le moment présent.
Il y a quelque temps, dans mon travail, j’ai commis une erreur. La première chose que je me suis dite (et mon patron s’est chargé de me le dire aussi ( :-( ) est : je suis une andouille, je le suis et je le resterais. Le plus beau, et je suis certain que ce genre d’expérience vous est déjà arrivée, c’est qu’ensuite, on se nourrit de cette idée, on se la ressasse à la moindre occasion….et elle finit par devenir un « art de vivre », au point que vous devenez persuadé que votre vie n’est pavée que de stupidités de votre part, que vous êtes, au fond de vous même un être stupide. Lâcher prise, c’est prendre conscience de cet état de fait, de cet esclavage à l’idée que vous vous êtes faite de votre stupidité. Lâcher prise, c’est aussi prendre conscience de la naissance de cet esclavage. Et agir au plus vite. Non, je ne suis pas stupide, il faut juste que, pour mon bien (et celui de mon patron J), je tire les leçons de cette erreur et qu’elle devienne très vite un mauvais souvenir.
Autre exemple : Le fameux chagrin d’amour ( si je demande à ceux qui n’en ont jamais connu de lever le doigt, je ne pense pas que çà cachera l’écran de mon ordinateur). Quand çà arrive, vous perdez pieds, l’idée du « pourquoi », la douleur, le souvenir, le déchirement, j’en passe et des meilleures, vous pourrit la vie. Non seulement vous êtes malheureux de cette rupture, mais en plus, pendant des mois, parfois des années, vous nourrissez cette douleur, comme par plaisir….à vous répeter : Pourquoi ? A vous dire que cet amour manque à votre bonheur….et gnagnagni et gnagnagna. Non, cet amour ne manque pas à votre bonheur. Ce qui vous empêche d’être heureux, c’est le refus de l’acceptation. En lachant prise, encore une fois, il n’est pas question de tenter d’oublier cet amour, cette personne, cette histoire. Mais d’accepter qu’elle fasse partie du passé et qu'il est temps de vivre le présent avec ce que vous avez aujourd'hui, même si ce n'est pas grand chose: Au moins, vous vous liberez d'un boulet (de toute façon inutile) qui vous empêche d'avancer.
Voilà donc, pour moi, ce qu’est le lâcher prise.
Mais comment y arriver ? Le « lâcher prise » est souvent lié aux idées néfastes qui vous envahissent le jour , ou, encore pire, le soir, au moment de s’endormir, qui vous pourrissent la vie.
Le moment de la méditation peut être un excellent moment pour apprendre une petite méthode que je m’applique régulièrement….et que je vais m’empresser de vous expliquer dans un prochain article.
On a la chance d’avoir un week end un peu prolongé, çà tombe bien, je vais avoir du temps pour vous l’écrire. Peut être pas demain, mais je vais essayer de vous faire çà pour vendredi….promis juré.
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Hugues (jeudi, 09 mai 2013 09:38)
Un grand merci pour cette description concernant les émotions perturbatrices qui accompagnent tous les instants de notre vie et qui font que nous essayons d'alléger et voir même de nous séparer de leur impact sur notre vie quotidienne ,tant sur le plan du passé que sur celui de notre présent en espérant toujours nous construire un futur meilleur...Pourtant je me suis toujours poser la question suivante " comment arriver au fameux lâcher-prise si déjà notre mental est occupé par le fait de vouloir agir de façon à lâcher-prise ?" . Peux t’ont qualifier cela par "l'instant du vide ?".
Eric (vendredi, 10 mai 2013 17:32)
Merci Hugues pour cette analyse. De plus, çà me fait grandement plaisir de te retrouver, ne serait ce que par l'intermédiaire de ce blog. Je vais (très modestement), tenter de donner, avec mes mots, ma modeste façon de comprendre .
L'instant du vide. Le Lâcher Prise peut il devenir, littéralement, le grand vide? Un peu comme vivre l'instant présent pourrait être le refus de reconnaitre le passé, ou d'envisager l'avenir.
Lorsque je tente de lâcher prise, en fait, il ne s'agit pas d'un abandon total qui deviendrait vite dangereux. Il serait donc sans doute plus juste de parler de Lacher Prise "sélectif". Il est bien entendu qu'on ne peut se séparer de son passé, qu'il ne sert à rien non plus de le rejeter, de l'oublier. Lorsqu'un événement malheureux, passé, présent ou à venir, nous hante, nous stresse, nous gâche la vie, on ne peut, quoiqu'il arrive, se séparer de cet événement. Ce que j'essaie de faire face à çà n'est pas d'oublier, de tenter de chasser de mon esprit ces instants malheureux. Ce sur quoi je travaille, c'est sur le blocage que cet événement me procure.
Il ne s'agit pas donc de rejeter, mais plus d'accepter. Lâcher prise serait donc plus prendre conscience du blocage, prendre conscience que cette focalisation nous empêche de vivre:
Imaginons une photo sur laquelle apparaisse quelque part un défaut. Si on se bloque sur le défaut, on ne voit que çà. Le reste de l'image? On ne le regarde même plus, et donc, on gâche, à cause de ce défaut, le plaisir de la contemplation d'une image qui peut être très jolie.
Si on lâche prise sur ce défaut, certes, il n'aura pas disparu, il sera toujours là. Mais on profitera mieux du reste de la photographie. La photo, au lieu d'être ratée, sera devenue une jolie photo. Cependant, je pense qu'il ne faut pas ignorer le défaut, juste l'accepter (savoir qu'on ne maitrise pas tout). Il ne faut pas tenter de se forcer à ne pas le voir, car dans ce cas, on redonne vie à ce défaut. Il faut simplement l'accepter. Il est là, on l'accepte, mais, en même temps, on redonne vie à l'ensemble de l'image.
Par contre, si un défaut est situé au centre d'une photographie, il restera toujours au centre.
Situé au coeur de votre vie, le défaut ainsi traité finira très vite par rejoindre les bords extrêmes de la mémoire et perdre de son importance.